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Bien écrire : 4 conseils d'écriture pour les auteurs débutants

  • Photo du rédacteur: yanntemple
    yanntemple
  • 30 août 2022
  • 5 min de lecture

Lorsqu'on débute en écriture, on ne sait pas toujours par quel bout prendre la chandelle : quels sont les bons réflexes à adopter ? Comment bien écrire, choisir ses mots, s'améliorer ? Autant de questions légitimes que l'on est amené à se poser.


Coiffé de mes deux casquettes, auteur et correcteur, je vous donne ici les conseils qui m'ont aidé quand j'étais un auteur en herbe, mais aussi des conseils liés à des erreurs que j'ai pu observer lors de corrections de textes.



1. Écrivez de façon simple... ou l'art d'oublier le style.


Écrivez avec vos mots, faites des phrases simples. Quand on débute dans l'écriture, on a tendance à vouloir écrire de belles phrases, avec des mots compliqués, des métaphores et autres figures de style. On veut prouver que l'on sait écrire – et même, bien écrire ! – alors qu'on n'a aucune expérience... et aucun lecteur. C'est une erreur. Ne sautez pas les étapes !

Dans un premier temps, oubliez le style. Cherchez la simplicité, la fluidité du texte. Concentrez-vous d'abord sur votre histoire. Votre style se forgera naturellement à mesure que vous écrirez.


Exemple : Le brouillard rampait sur la forêt, l'engloutissait lentement dans ses replis tel un monstre à l'appétit insatiable.


Préférez, au début : Le brouillard envahissait peu à peu la forêt.


Certes, la phrase est moins imagée, mais plus directe et suffisante pour faire naître l'image dans l'esprit du lecteur.


Gardez cela en tête : écrire de façon simple (mais pas simpliste)... n'a rien de simple. Cela demande des efforts et de la rigueur. Il faut chercher l'efficacité plutôt que la sophistication. Ce n'est pas aussi facile qu'il y paraît.



Tu la trouves comment, ma plume ?




2. Ne racontez pas ! Montrez !


Un conseil classique mais essentiel : le fameux « Show, don't tell ».

Cela permet d'immerger votre lecteur plus facilement dans votre histoire.


Un exemple vaut mieux qu'un long discours :


Linda était émerveillée par ce paysage enchanteur. Elle ne remercierait jamais assez Marc pour ce voyage en Egypte, tombé à point nommé pour lui faire oublier ses soucis du moment : un dossier particulièrement délicat qu'elle devrait traiter à son retour. Elle promit à son chéri de le récompenser comme il se doit.


Reformulation :


Le visage de Linda s'éclaira en voyant la grande pyramide de Gizeh, écrasante de beauté. Ce spectacle lui fit oublier en un instant le dossier sur l'affaire Van Belt qu'elle devait traiter à son retour. Elle se pencha vers Marc et lui murmura à l'oreille :

— Merci pour ce fabuleux voyage. Ce soir, c'est moi qui te ferai voyager au septième ciel.


On s'immerge plus dans le deuxième extrait, non ?


Allons plus loin et décortiquons cette deuxième version :


  • « Le visage de Linda s'éclaira » traduit son émerveillement.

  • « la grande pyramide de Gizeh, écrasante de beauté » permet de faire naître l'image chez le lecteur.

  • « Elle se pencha vers Marc et lui murmura à l'oreille : » la scène est plus vivante et mieux visualisable.

  • « — Merci pour ce fabuleux voyage. Ce soir, c'est moi qui te ferai voyager au septième ciel. » Le dialogue apporte de la vie, et permet de mieux cerner la fameuse récompense du premier extrait (quelle coquine cette Linda !).

Vous l'aurez compris : il s'agit de rendre le texte plus vivant, plus immersif et de le délester de tous les ajouts qui pourraient créer de la distance entre le lecteur et votre récit.



Montre-moi de quoi tu es capable !


3. Utilisez vos cinq sens pour écrire vos descriptions.



Lorsqu'on débute en écriture, on a tendance à n'utiliser que la vue pour décrire. J'ai un scoop pour vous : vous disposez de quatre autres sens pour apporter plus de précision et de richesse à vos descriptions.


Décrire un personnage, ce n'est pas seulement donner une couleur de cheveux et d'yeux (Rassurez-vous, on est tous passés par là !). Vous pouvez aussi décrire ses vêtements, une attitude, une façon de parler particulière, le parfum qu'il ou elle porte, des bijoux, etc. Vous avez l'embarras du choix. L'important est de donner des détails qui vont rendre vos protagonistes réels aux yeux du lecteur. Chaque détail compte et fera toute la différence.


Décrire un lieu, en montrant ce que le personnage voit et non de loin, comme on le fait souvent quand on débute en écriture. Attardez-vous sur les odeurs, les bruits, le toucher quand c'est possible et pas seulement sur l'aspect visuel (Important lui aussi, bien sûr, mais il n'est pas le seul à prendre en compte). Prenons l'exemple d'une galerie marchande : votre personnage sera sensible, par exemple, aux odeurs de nourriture en provenance d'un restaurant, aux rires d'enfants non loin de lui, aux couleurs criardes d'une enseigne, à une flaque de soda renversé par un passant trop pressé dans laquelle votre personnage va marcher, ce qui aura pour conséquence de rendre la semelle de sa chaussure collante, etc. Là aussi, les seules limites sont celles de votre imagination ! Le génie réside dans le détail : exploitez-les !





4. Simplifiez vos dialogues.



Vous avez déjà dû entendre ce conseil : « Variez vos verbes d'incises ». Vous savez, les « demanda-t-il, rétorqua-t-il, répondit-il... ». Hé bien, j'ai un autre scoop pour vous : moins vous en aurez, mieux ce sera. Les incises peuvent détourner la concentration du lecteur si elles sont forcées. Les « s'époumona-t-elle, vociféra-t-il, beugla-t-il etc. » donnent un côté théâtral, et parfois même grotesque, dans le pire des cas.


Lorsque le dialogue concerne uniquement deux personnages, il est assez simple de s'en passer.


Exemple tiré d'un de mes romans (Emprise, pour ne pas le nommer) :


« Alors que je croquais dans une saucisse, maman me demanda :

— Comment vas‑tu te rendre au square ? Jessica passe te prendre ?

— Non. Nous nous sommes disputés.

Je mentais. Elle me boudait, mais le résultat était le même. Nous ne nous adressions plus la parole.

— Quoi ? Mais que s'est‑il s'est passé ? Tu ne lui as pas fait du tort, au moins ?

— Mais non ! C'est seulement un malentendu. Je lui parlerai tout à l'heure.

— Tant mieux. C'est ta seule amie. Je ne voudrais pas que tu la perdes pour des bêtises.

— Je ne vais pas la perdre. Et ce n'est plus ma seule amie ! Tu as déjà oublié Alicia ?

— Non, mais à t'entendre hier soir, j'ai l'impression qu'elle est plus qu'une amie. Je me trompe ? »


Lorsqu'il y a plus de personnages, vous serez obligés de mettre des incises. Dans ce cas de figure, restez sobre : utilisez des verbes communs comme « dire, annoncer, répondre, demander etc. ». Ils permettront de savoir qui parle à un instant T, et c'est tout ce qu'on leur demande. Ces verbes doivent se faire oublier, pour que le lecteur se concentre sur les répliques, et uniquement elles.


Exemple, tiré du même roman :


« — Si on en venait au fait ? déclara Andy. Vous êtes toujours partants pour le camping ?

— Camping sauvage ? demandai‑je.

— Évidemment, répondit Andy. Alors, vous en êtes ou non ?

— Bien sûr, dis‑je avec autant d'entrain que possible.

— Où Josh va, je vais, déclara Alicia.

— Super ! Et toi, Jess ? questionna Andy en se tournant vers notre amie.

Celle‑ci fit mine d'hésiter, puis annonça :

— C'est d'accord pour moi. À une condition : on se partage les frais ! »



Pas tout le monde en même temps, merci !


Un dernier conseil : écrivez !


Écrivez, écrivez, écrivez ! Plus vous écrirez, mieux vous écrirez. Et gardez en tête les conseils de cet article, qui vous permettront de progresser dans cet exercice aussi gratifiant que frustrant qu'est l'écriture.


Alors on prend son stylo (ou son clavier), et on noircit des pages :)










3 Comments


Tom Larret
Tom Larret
Sep 02, 2022

Super pinailleuse pinaille à votre service pour toutes les occasions. Je chicane, j'ergote, je chipote et je ratiocine par tous les temps et à tous les modes depuis 19** !

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Tom Larret
Tom Larret
Sep 01, 2022

Merci pour cet article plutôt juste, qui m'offre en plus une occasion de pinailler (j'adore pinailler). Sur les points 2 et 4 uniquement:

- doucement avec le "Montrez". Mais genre doucement, doucement quoi. C'est une tendance qui (personnellement) me hérisse assez souvent dans certains romans, quand elle dérape sur des tartines indigestes de détails sans importance. Rien de mieux pour casser le rythme d'une histoire et ennuyer son lecteur qu'un abus de Chodontelle. Surtout que le plaisir de la lecture, pour moi, c'est aussi celui de l'imagination et si l'auteur m'en montre trop, ben je n'ai plus rien à me représenter, plus d'idées à avoir, plus de création intellectuelle à faire, plus de moyens de m'approprier ni le livre ni…


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yanntemple
yanntemple
Sep 01, 2022
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Mince, ça ne t'a pas suffit de pinailler sur mon bouquin ? ^^

Je suis d'accord avec tes remarques. Tout est question de dosage : trop de détails et on frise l'indigestion. D'ailleurs, je suis le premier à bailler devant une longue description et de manière générale, tout ce qui me l'éloigne du récit. J'ai dû mal exprimer ce que je voulais dire dans l'article : il faut apporter des détails qui servent l'intrigue et les personnages, ceux qui donnent de la profondeur, qui apportent de la valeur ajoutée.

Pour ton deuxième point, je suis d'accord. Bien sûr qu'on peut, et qu'on doit, utiliser des verbes d'incises. Dans certaines scènes, ils sont indispensables pour décrire des postures, des nuances. Je…

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